Littérature
Cette dernière rencontre de la série En noir et blanc, consacrée aux migrants et à l’accueil qui leur est réservé à Luxembourg comme ailleurs, vient faire écho à une troublante installation montrée en ce moment au Ratskeller. Artiste luxembourgeoise aux racines péruviennes basée à Bruxelles, Sophie Feyder illustre parfaitement, à travers And They Lived Happily Ever After, le paradoxe du migrant : oscillant éternellement entre l’avant et l’après, entre ici et là-bas, entre l’île de pas encore et celle de déjà plus, comme dirait le poète Jean Portante. Six personnes venues d’ailleurs – mais elles/ils pourraient être des milliers – sont invitées à prendre position, littéralement et dans tous les sens, par rapport à une scénographie minimaliste, mais oh combien suggestive. Un sol en damier et deux chaises, désignant le pays d’origine et le pays d’accueil : entre les deux, bien évidemment, leur cœur balance. Assis d’un côté, le migrant est invité à occuper/investir en même temps l’autre, physiquement ou symboliquement. Certains renversent simplement la chaise, en suggérant qu’ils n’en veulent plus, d’autres l’encombrent d’une valise, d’un atlas, d’un album photos, de leurs souvenirs, de leurs regrets, etc. Ce faisant, les uns comme les autres laissent entendre que l’essentiel de leur aventure existentielle se joue dans l’entre-deux, dans ce no man’s land où tout peut encore advenir, même si rien – ou presque – ne sera plus comme avant. Après le franchissement de la ligne dite d’arrivée, la course se poursuit, inlassablement, car la vie continue après le mariage des princesses, après la découverte de cet Eldorado qui n’en était peut-être pas un. And They Lived Happily Ever After? Pas tous, pas forcément, pas pour toujours...
Entrée libre, sans inscription.
Le port du masque est fortement recommandé pendant toute la durée de l'événement.
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