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Littérature

Cercle de Lectures - Qui témoigne pour le témoin?

Noir sur blanc. Clichés en tous genres

30/09/2021
18:30 à 20:00
30/09/2021
18:30 à 20:00
Auditorium Cité (3, rue Genistre)

Entrée libre

Inscription

En langue française

Depuis le mois d’octobre 2020, Corina Ciocârlie et le Cercle Cité proposent un nouveau cycle de rencontres consacré au phénomène migratoire sous la loupe des écrivains et des photographes. 

Parmi les acteurs du naufrage, il y en a un qui n’est ni victime (comme le migrant), ni coupable de la tournure tragique prise par les événements. Ni assaillant (comme les pirates des mers), ni cerbère (comme les garde-côtes), ni faux adjuvant (comme le passeur), ni pourvoyeur de promesses non tenues (comme l’oncle d’Amérique). Il n’est guère protagoniste du drame, et pourtant il joue un rôle essentiel : sans lui, la catastrophe n’aurait pas existé, parce qu’il n’y aurait personne pour la raconter. Ce personnage-clé, c’est le témoin.

De même que le Christ n’écrit pas les Évangiles, mais se raconte à travers quatre témoins, le migrant n’a pas de voix, mais à chaque fois qu’il y a odyssée et naufrage, Ulysse et Robinson, il y a aussi – comme par hasard – quelqu’un qui se trouve là, au bon endroit au bon moment, pour faire le récit des événements. La littérature existe, entre autres, pour mettre en scène ce passage de témoin dont Antonio Tabucchi a fait le sujet de son roman Tristano meurt : la voix de Tristano, le héros agonisant, est recueillie in extremis par un scribe – une sorte d’évangéliste des temps modernes – qui trouvera le moyen de transmettre sa version personnelle des propos du protagoniste à quelqu’un qui s’appelle Antonio Tabucchi et qui mettra son nom sur la couverture du livre.

On tient là, en quelque sorte, une métaphore de la littérature. L’« image-témoin », ce serait la trace – ou l’archive – d’un déjà plus qui nous assigne la place de « personne », le « Niemand » du vers de Paul Celan : « Niemand zeugt für den Zeugen » / « Personne (ne) témoigne pour le témoin ». Du passage de témoin, on pourrait dire alors ce qu’écrit Derrida du vers de Celan : le poème, tout comme le reportage photographique ou le film documentaire, témoigne. « On ne sait pas de quoi et pour quoi, de qui et pour qui, témoignant pour le témoignage, il témoigne. […] où rien ni personne ne peut répondre à sa place, où il se tait, où il garde son secret, […] en taisant, en gardant silence, il s’adresse encore. » (Poétique et politique du témoignage)

Le naufrage de la Méduse, la chute d’Icare et la guerre de Troie ont bel et bien eu lieu parce que le témoin a vu, entendu ou senti quelque chose, ce drame, ce fracas, ce cri de désespoir que lui seul pourra évoquer. Sa tâche est des plus ardues, puisque – Charles Péguy l’a admirablement résumé dans Notre jeunesse – « il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »

Inscription obligatoire ici


(En raison de la crise sanitaire actuelle, la capacité d’accueil sur nos événements est limitée. Ainsi, si après inscription vous n’êtes pas en mesure de pouvoir y assister, nous vous invitons à nous contacter au plus vite par e-mail (inscription@cerclecite.lu) afin de pouvoir libérer votre place à d’autres personnes).

Dans le respect des consignes sanitaires en vigueur liées à la Pandémie du Covid-19, le nombre de participants est limité et l'inscription à l'événement exigée. 
Le port du masque pour entrer dans la salle, ainsi que le maintien d'une distance entre les visiteurs est obligatoire.

Organisation
Cercle Cité, en collaboration avec Corina Ciocârlie

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