Cercle de Lectures - Le Pays de Cocagne, thème et variations

Le 22 octobre, le Cercle Cité et Corina Ciocârlie lancent un nouveau cycle de rencontres en marge de l’exposition mateneen. À travers les deux sens du mot cliché – négatif photographique et image stéréotypée –, le phénomène migratoire sera placé sous la double loupe des écrivains et des artistes. Pour commencer, il sera question du Luxembourg comme Pays de Cocagne et, de manière plus générale, de ce qu’Andrzej Wajda appela, en 1975, La Terre de la grande promesse.

Qu’est-ce qui séduit, au juste, celui qui décide de larguer les amarres ? Un mirage, un nom exotique, une promesse de bonheur ? Pourquoi met-on le cap sur telle ou telle destination – Arcadie ou Utopie, Eldorado ou Jardin d’Eden, Łódź ou Alexandroupolis, L’Amerika ou Lussemburgo ? Et d’ailleurs, quand vous embarquez pour le Nouveau Monde et la Statue de la Liberté vous attend munie d’un glaive, n’y a-t-il pas, quelque part, tromperie sur la marchandise ?

D’une traversée à l’autre, les migrants ne cessent de se laisser bercer, ballotter, emporter, submerger par le flux et le reflux des émotions les plus contradictoires, par un élan donquichottesque ou enfantin qui les propulse vers un soi-disant Pays des Merveilles et les ramène invariablement aux barbelés du camp d’Idomeni ou à la jungle de Calais.

Grandes espérances et illusions perdues… Sur la photo d’Ann Sophie Lindström qui clôt l’album mateneen, un homme dont on devine la silhouette à la lumière d’un réverbère regarde un vol d’oiseaux dans un ciel crépusculaire, tournant le dos à une clôture où l’on a collé, justement, pour éviter les accidents, des stickers en trompe-l’œil avec des oiseaux.